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La définition de l’occlusion normale est difficile chez le chien (par rapport à l’homme) en raison de la multiplicité des races et donc des formes et tailles de mâchoires. Trois types de squelettes céphaliques sont reconnus dans l’espèce canine :

            - le type mésocéphale

            - le type dolichocéphale

            - le type brachycéphale


Seul le type mésocéphale a fait l’objet d’études céphalométriques embryonnaires et c’est dans ce seul type qu’il est défini une occlusion “normale” . 

Les incisives inférieures viennent au contact des cingulum des incisives supérieures, la canine inférieure se loge exactement dans l’espace incisive-canine supérieure, les prémolaires inférieures s’intercuspident exactement avec les supérieures avec en particulier la cuspide de PM4 inférieure qui se  place entre PM3 et PM4 supérieure.

À partir de cette occlusion “ normale”,  il a été établi une classification modifiée d’Angle permettant de définir 3 types de malocclusion :


           Le type I : les relations entre mandibule et maxillaire sont normales, mais peuvent laisser la place à des variations mineures de rotation dentaire ou de taille de dent anormale.

 

            Le type II :  (ou distocclusion, ou rétrogénie, ou brachygnathisme mandibulaire) montre une différence de longueur entre mandibule et maxillaire dans le sens d’une  mandibule plus courte que le maxillaire.

            Le type III : (ou mesiocclusion ou  prognathisme) est l’inverse du type II.

 

Les malpositions et les mal-occlusions dentaires peuvent avoir une origine acquise (accidentelle, traumatique….) plutôt rare, ou une origine dite congénitale, plus fréquente, dont certaines liées à des prédispositions raciales. Ces dernières étant nombreuses nous nous limiterons à une description clinique des plus classiques ou des plus fréquentes ainsi que des traitements correctifs faisant l’objet d’une certaine standardisation.

Il est à noter que parmi ces malpositions à caractère héréditaire certaines sont très fortement liées à la sélection imposée par l’homme et en particulier par les modes qui favorisent les surtypes jusqu’à la caricature. Nous observons par exemple depuis quelques années une tendance à exagérer l’aspect massif de la face dans des races comme le Rottweiler ce qui conduit à une sélection de chiens au maxillaire élargi et donc raccourci avec pour conséquence des occlusions de classe III (rétrognathie maxillaire). Inversement chez le caniche, l’affinement du museau jusqu’au surtype sélectionne des maxillaires tellement étroits dans leur partie rostrale que les incisives ne peuvent s’aligner correctement et sont contraintes à des rotations ou des versions.

 

La malocclusion étant reconnue, faut-il la traiter ?

Interviennent à ce stade des considérations éthiques à propos desquelles il est possible de donner des éléments de décision :

            - chaque fois que la malposition dentaire est responsable de douleur pour l’animal ou lorsqu’elle génère des lésions, il faut proposer un traitement.

            - chaque fois que la malocclusion est responsable de troubles de mastication ou d’une aggravation (ou déclenchement) d’une maladie parodontale il faut proposer une solution.         
Les thérapeutiques des malocclusions ou thérapeutiques orthodontiques qu’elles soient humaines ou vétérinaires sont nombreuses et variées comme le sont les thérapeutiques orthopédiques. Elles ont varié au gré des époques (naturellement) au gré des modes (malheureusement) et fort heureusement en fonction des acquisitions scientifiques, des matériaux nouveaux et d’une plus grande précision des indications et donc du diagnostic.

 

 L’orthodontie peut corriger les anomalies de position dentaire par des forces qui sont de deux ordres, les forces naturelles et les forces artificielles.

 

 

 

3 systèmes peuvent produire

une force sur les dents :

 

- les muscles

               - les forces occlusales

- les appareils

 

 

                                                              Les forces naturelles sont constituées par :


                                                              - les muscles (poids des masses musculaires)

                                              - les forces occlusales (lors de la fermeture des mâchoires)

On les utilise en orthodontie par le biais des plans inclinés pour ce qui est des forces occlusales, et par  exemple  lors des glossectomies interceptives pour supprimer un excés de masse musculaire.

 

 

Les forces générant leur propre force ou appareils :

- les vis ou vérins

                                                                                       - les ressorts

                                                                                       - les élastiques

 


Les forces naturelles


Elles sont représentées essentiellement par les forces occlusales ( c’est-à-dire celles induites lors de la fermeture des mâchoires) et par les forces que constitue la masse des muscles.

- Les forces occlusales sont utilisées en orthodontie par le biais des plans inclinés. Les plans inclinés sont élaborés en résine (résine ortho) extemporanément et ont pour but de dévier une dent en malposition en la faisant glisser au moment de l’occlusion contre un plan de glissement fixé sur les dents antagonistes.

- Les muscles sont utilisés en orthodontie interceptive pour supprimer ou diminuer des masses (donc des forces) excessives responsables de malpositions. Une langue trop grosse (macroglobuline) ou trop longue (interposition permanente) va modifier l’implantation dentaire. La réduction de cette langue (glossotomie losangique médiane par exemple) permet de prévenir la malposition d’origine musculaire. De la même façon le poids excessif des lèvres ou leur enroulement (sharpeï) modifie la position des arcades dentaires (incisives principalement). Des interventions comme la vestibuloplastie corrigeront cette tendance.

 

Forces générant leur propre force : les appareils

 

- Forces transmises par la boucle d’un ressort  :

C’est le principe qu’utilise la technique du fil vestibulaire ou arc incisif  permettant la correction de profil d’arcade défectueux ou de réduire des positions de proalvéolie d’arcade incisive mandibulaire ou maxillaire. Le fil est un fil de nickel chrome qui s’appuie sur la face vestibulaire ou linguale des dents en s’arquent boutant sur des bagues scellées aux canines. Le fil comporte, au ras des bagues, une boucle ou ressort qui sera serrée ou activé une fois par semaine. Il est simplement soudé sur des bagues (elles-mêmes coulées ou soudées). Les bagues sont fixées sur les couronnes des canines en position basse (proche de la gencive). Lors de la mise en tension du ressort ( boucle), les canines subissent une force parasite qui les verse dans une position plus mésiale.

 

Pour éviter le glissement du fil en direction apicale (sur la face vestibulaire des incisives), il sera gainé par un tube de plastique mou qui s’écrase et augmente l’adhésion aux faces vestibulaires des incisives.

Pour contrecarrer les forces parasites qui déplacent les crocs vers l’avant le fil sera dans un premier temps fixé sur une gouttière acrylique elle même collée aux 3 premières prémolaires (en remplacement des crocs). Cette gouttière  résistant mieux aux tractions du fil s’avère instable en raison du coté non rétentif des prémolaires. La solution associant bagues sur les canines + gouttière acrylique sur les prémolaires permet d’éviter cette instabilité.

 

Enfin l’expérience ayant montré qu’en fin d’appareillage les canines avaient tendance à se rapprocher sous l’effet de la traction du fil, il a été ajouté un arc boutant acrylique ( «  cassé ») légèrement en avant du frein et tendu entre les deux crocs .

 

Ces appareils sont fixés à l’aide de ciment verre ionomère (Ortho Fuji LC  N.D).

Ils sont mis en traction le jour du scellement et sont réactivés une fois par semaine par le propriétaire à laide d’une petite pince à mors fins.

 

- Les vérins  sont inclus dans des plaques en résine, elles même fixées aux canines ( maxillaires essentiellement) par l’intermédiaires de bagues en acier. Ces vérins transmettent une force à chaque tour de vis et permettent par exemple de vestibuler une arcade incisive supérieure par appui sur la face postérieure des incisives .

 

- Les chaînettes élastiques représentent une technique simple qui donne des résultats rapides (parfois trop) sans un investissement matériel important. Ces chaînettes sont soit directement fixées aux dents comme les canines (puis collées) soit fixées à des "boutons orthodontiques" eux-mêmes collées aux dents à déplacer.

 






La prise d’empreinte
:

Ces appareils sont élaborés parfois de manière extemporanée par le vétérinaire, c’est le cas par exemple des plans inclinés en résine , parfois à partir d’un modèle en plâtre confié au prothésiste. Dans ce dernier cas le vétérinaire doit savoir réaliser une prise d’empreinte de qualité.

La prise d’empreinte consiste à obtenir un moulage en plâtre des arcades dentaires du chien à traiter. Elle sera la plus précise possible et permettra en outre de reproduire l’occlusion exacte des mâchoires. Pour la précision et le confort du travail, le chien est prémédiqué.

La pâte d’empreinte sera placée dans un porte empreinte fabriqué à la demande pour chaque chien en raison de la grande variété de forme et de taille des mâchoires. Le matériau de choix pour réaliser ces portes empreintes est le Vet Cast. Cette résine thermodéformable se moule parfaitement à chaud (la résine est découpée en rectangles de la taille de la mâchoire, puis chauffée dans de l’eau à 80°C environ)  et sa structure en mailles assurera la rétention des pâtes d’empreinte. Après une minute la résine se refroidie, elle devient dure et sera retirée  avant son remplissage de pâte.

La pâte d’empreinte la plus utilisée est l’alginate . Il se prépare dans un bol  en le mélangeant à de l’eau  à l’aide d’une spatule large tournée énergiquement jusqu’à l’obtention d’une consistance de mayonnaise. L’alginate est placé dans de la porte empreinte et mis en bouche quelque minutes jusqu'au durcissement.

Aux alginates constitués d’extraits d’algues  peuvent se substituer les silicones qui se présentent sous la forme de pâte à mélanger à un durcisseur. On distingue des silicones lourds (plus épais type Optosil ND) et des silicones légers (très fluides type Xanthoprène ND) ce qui permet la technique de la double empreinte. La première empreinte étant réalisée avec le silicone lourd, l’intrados est alors remplie par du silicone léger qui s’infiltre mieux et affine la reproduction des détails. Les silicones résistent bien à la dessiccation permettant de différer le travail du prothésiste, ce qui n’est pas le cas des silicones qui subissent l’évaporation et se rétractent. Le travail de prothèse lors d’empreinte par l’alginate doit commencer rapidement sous peine de perdre de la précision.Pour cette raison les prises d’empreinte aux alginates seront conservées en milieu humide.

 

 

Alginates

silicones

Côut

Modéré

Plus élevé

Double empreinte

Non

Oui

Travail de prothèse différé

Non

Oui

 

 

 



Exemples de malpositions dentaires



1-1 La mésioversion de la canine chez le shetland

C’est sans doute une des malpositions les plus typiquement liées à la race puisqu’on la rencontre quasi exclusivement dans cette race (quelques cas chez le petit lévrier d’Italie). Il s’agit d’une canine supérieure (ou les deux) qui présente une position semi horizontale, parfois partiellement incluse en raison de sa direction trop mésiale entraînant un contact avec le coin par sa cuspide. Canine et coin constituent alors un bloc ne permettant plus le passage du croc inférieur qui se vestibule rapidement (« défense de phacochère »). L’occlusion est perturbée ;la rotation de la mandibule menace.

Parmi les traitements proposés, le plus classique consiste à provoquer le redressement distal de la canine par une chaînette élastique prenant appui sur les prémolaires solidarisées par une gouttière en résine (Coolsin du laboratoire Pierre Rolland, Orthorésine du laboratoire Detrey)

Ce traitement est en général efficace  et lorsque la canine inférieure reprend sa place entre le coin et le croc supérieur cela assure une contention naturelle qui prévient toute récidive .

 

1-2 La rétrognathie (classe III) des races Setter, Rottweiler, Labrador…

L’importation de géniteurs étrangers (italiens) réputés plus performants en « field » a sensiblement modifié la morphologie générale des setters (plus petits) et en particulier de leur face (plus courte).Ces modifications ont apporté un cortège de défauts dont la rétrognathie maxillaire. Chez le rottweiler et le labrador, ce défaut se rencontre de plus en plus souvent  en raison sans doute d’une sélection favorisant les faces trés massives. Cliniquement les incisives inférieures sont situées en avant des supérieures (la mandibule conservant une longueur « normale »). L’occlusion est peu perturbée sur le plan fonctionnel ; la pénalisation est purement esthétique.

Les corrections des proalvéolies incisives inférieures (ou classe III  incisives pures,ou articulés incisifs inversés) seront traitées en l’absence de décalages des étages prémolaires et molaires (intercuspidation normale) , c’est-à-dire en l’absence de modifications supposées des bases osseuses. Ce type de malocclusion est difficile à corriger et doit faire appel à des appareillages multiples. Par exemple l’association d’une plaque palatine fendue au maxillaire (à vérin) responsable d’un mouvement de poussée craniale des incisives sur leur face postérieure et d’un fil vestibulaire mandibulaire (utilisation de forces de distalisation ) responsable d’une poussée vers l’arrière sur la face vestibulaire des incisives inférieures. Lorsque les incisives supérieures sont passées devant et par dessus  les incisives inférieures, la contention est naturellement assurée par l’engrainement occlusal.

Ce type de correction est techniquement difficile à mettre en œuvre et donne des résultats inconstants, fonction du degré de décalage et de la race concernée.

   

     1-3 Crocs convergents chez le Westie ou le Bull Terrier

Dans cette malposition dentaire, l’occlusion est fortement perturbée par le contact prématuré des cuspides contre le palais en raison de la trop grande convergence des crocs; les lésions engendrées vont de la simple nécrose locale jusqu’à la fistule oronasale.

Le traitement vise soit à réduire la hauteur des crocs par meulage ou résection ( associées systématiquement à une pulpotomie), soit à écarter les crocs pour les rendre divergents par un procédé orthodontique ou chirurgical.

Les deux techniques de corrections orthodontiques à savoir le plan incliné en résine et les écarteurs ou disjoncteurs (Photo N°6) sont très différentes dans la procédure de fabrication et d’installation ainsi que dans le prix de revient pour l’éleveur.Les résultats sont rarement décevants.

 

 

     1-4 La rétrogénie des Sharpeï

L’occlusion des sharpeï est assez régulièrement perturbée (on parle de classe II d’Angle), leur mandibule paraît plus courte que le maxillaire, l’arcade incisive inférieure a un profil rectiligne voire inversé (concave) ;compte tenu de l’excès de masse labiale inférieure et de l’enroulement de cette lèvre (« tight lip syndrome ») on se trouve en présence d’une force centripète agissant sur l’arcade inférieure pour la distaler.Les traitements proposés sont des traitements interceptifs réalisés avant l’age adulte et visant à désenrouler la lèvre inférieure par désinsertion et réinsertion plus apicale ( vestibuloplastie). La technique est relativement facile ;tout résidant dans l’appréciation « esthétique » de la résection à pratiquer (en général on pêche par défaut !).

 

 

1-5 La linguoversion des canines (associée ou non à l’inclusion) chez les persans

est sans doute  un des problèmes les plus difficiles à résoudre pour le stomatologiste ou l’orthodontiste. Une canine ou les deux sont le plus souvent incluses et leur implantation est oblique, la cuspide dirigée vers le milieu du palais. Lors de leur égression, ces dents encombrent l’espace buccal et provoquent un gène pour l’animal.

Le traitement est soit radical, par avulsion de la dent ou des dents incriminées, soit conservateur :il s’agit dans un premier temps d’accéder à la couronne le plus souvent incluse par cautérisation de la muqueuse adjacente, puis de tracter la dent par des forces élastiques ou des squelettés s’appuyant sur les prémolaires. Les "stélites" ou squelettés sont des appareils en alliage coulé, généralement bagués sur une canine et une ou plusieurs prémolaires. Ils sont munis de ressorts ou crochets destinés à vestibuler ou distaler une canine. Ils sont efficaces, élégants, peu traumatisants mais coûteux.

 Le traitement est parfois finalisé par la mise en place d’un plan incliné en résine qui termine le guidage de la canine vers son emplacement normal. Les résines "ortho" ou orthorésines s’emploieront pour la réalisation de petits plans inclinés de glissement. Ces plans inclinés  sont placés à la mandibule entre le croc  et l'arcade incisive: ils permettent de guider la canine antagoniste lorsque celle-ci est discrètement déviée. Ces plans inclinés de petite taille doivent être d'une réalisation particulièrement soignée (ajustage, polissage) pour éviter de traumatiser la gencive en raison de sa grande susceptibilité aux corps étrangers intra-buccaux. Ces plans inclinés seront réservés à de légères déviations de la canine.

Le peu de coopération des chats rend toutes ces étapes aléatoires et compromettent les résultats d’une technique déjà très délicate dans sa conception et sa mise en place.

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 


 

 


 

 

 

 


 

 

 

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