la thérapeutique initialeC’est le premier geste face à une parodontite : il consiste à détartrer les dents, cureter les poches et polir les surfaces dentaires et radiculaires exposées.
1) L'étape du détartrage :
- les détartreurs
détartreur polisseur (Satelec)
détartreur seul (Satelec)
- les inserts
Le détartreur à ultrasons est maintenant indispensable. Il existe 2 types de détartreurs à ultrasons :
1 : magnétostrictif ou ferromagnetiques
2 : piézoélectriques
Cliniquement ils opèrent par oscillations mécaniques et par irrigation grâce un spray d’eau dirigé sur l’insert en vibration. De plus l’eau du spray cavite sous l’effet des ultrasons. La cavitation est la production de bulles microscopiques dans un liquide qui implosent en libérant de l’énergie (onde de choc) nécessaire à la trituration des calculs de tartre.
Les piézoélectriques envoient sur un cristal des courants à haute fréquence entrainant une déformation du cristal au gré des oscillations du courant.
Les magnétorestrictifs utilisent un courant de haute fréquence dont le champ magnétique déforme des lamelles de métal. Ces détartreurs dégagent beaucoup de chaleur et nécessitent une bonne irrigation.
Les détartreurs soniques (différents des ultrasoniques) sont peu utilisés par les vétérinaires.Ils équipent les cabinets de chirurgiens dentistes.Ils sont peu générateurs de chaleur.
DETARTREUR | SONIQUE | FERROMAGNETIQUE | PIEZOELECTRIQUE |
Fréquence | 1500-16000 Hz | 20-30000 Hz | 25-45000 Hz |
Oscillation de l’insert | Elliptique | Elliptique | Linéaire |
Dégagement de chaleur | Faible | Important | Très faible |
Amplitude de vibration | 50-150 μm | 10-50μm | Jusqu’à 300 μm |
Utilisation sous gingivale | Non | Oui | Oui |
cavitation | Non | Oui | Oui |
D’après P. Hennet
2) Le curetage sous gingival :
Le détartrage sous gingival ou curetage des poches parodontales est classiquement mis en œuvre à l’aide d’instruments manuels (curette de Gracey N° 13) mais depuis quelques années ce débridement manuel est remplacé avantageusement par un débridement ultrasonique à l’aide d’inserts sous-gingivaux vissés sur le détartreur. Ce sont des inserts spécifiques (ex :insert Satelec 10Z) travaillant plus vite que la curette manuelle et cela de manière moins agressive, associée à une irrigation constante des poches.
- manuel : les curettes de gracey
curettes de Gracey photo P. Hennet
- ultrasonique : avec un insert sous gingival et à puissance réduite.
inserts sous gingivaux.
3) L'étape du polissage :
- le matériel
Contre angle à mouvement alternatif pour le polissage (prophylaxie)
Le polissage est réalisé avec une brossette ou une cupule, en rotation lente (800 t/mn)
et une pâte à polir.
Photo P .Hennet
Image d'un émail de chien aprés le passage de l'insert du détartreur (Photo réalisée au MEB : microscope à balayage de l'université Paul Sabatier de Toulouse , Pr Auther) .
On note la cratérisation de la surface amélaire qui suit le passage de la pointe de l'insert.
Image d'un émail de chien détartré aprés polissage (cupule et pâte à polir) Photo réalisée au MEB microscope à balayage de l'université Paul Sabatier de Toulouse , Pr Auther.
4) La maintenance :
La maintenance est l’étape essentielle qui garantit le succès de tout traitement parodontal. Elle consiste en l’application de mesures d’hygiène par le propriétaire et d’une surveillance clinique par le vétérinaire qui suivra régulièrement le malade en remplissant avec soin une fiche dentaire ce qui renforce la considération du praticien pour le cas clinique et donc du client pour son vétérinaire.
Toutes les études actuelles montrent à l’évidence que la maîtrise des connaissances et des technologies thérapeutiques permettent d’arrêter le processus de destruction parodontale chez la majorité de nos patients. Compte tenu des difficultés d’application des soins sur nos animaux liées à leur indocilité il nous faut affiner les moyens et faire preuve d’imagination pour être efficace. A chaque cas il faudra adapter la maintenance au caractère de l’animal et à la coopération du propriétaire.
Selon Cécilia Gorrel la prévention comporte 4 étapes :
A : les soins à domicile par le propriétaire
B : le bilan par le vétérinaire des soins réalisés à domicile par le propriétaire
C : la thérapeutique parodontale par le professionnel (vétérinaire)
D : le bilan régulier de la thérapeutique du professionnel
La clef du succès à long terme réside dans le contrôle de la plaque
Sans une hygiène régulière efficace aucune thérapeutique parodontale ne réussit. L’éducation du propriétaire et sa motivation sont essentielles, mais il ne faut pas l’abandonner d’où les bilans réguliers par le vétérinaire. Ce bilan, acte répétitif et complexe inclut un ensemble de mesures.
a] contrôle de l’état de la denture en recherchant les caries chez le chien, les Neck Lesions chez le chat. En évaluant la mobilité dentaire, et en gardant une trace de tous ces éléments.
b] contrôle du parodonte en évaluant ses contours (recherche des récessions), sa couleur, sa forme (hypertrophies gingivales). Mais aussi sonder sur toutes leurs faces les dents (mesure chiffrée des poches)et noter les zones d’inflammation, de saignement, de suppuration. Rechercher les fistules périapicales.
c] contrôler l’hygiène, c’est révéler la plaque en l’objectivant par des colorants de plaque (révélateur de plaque dentaire Virbac).
d] éliminer les dépôts mous et calcifiés par détartrage, polissage et surfaçage radiculaire. Cureter les poches gingivales.
La maintenance par le propriétaire passe avant tout par le brossage manuel tous les deux jours, l’application de gels dentaires et/ou parodontaux, la distribution de lamelles à mâcher, de croquettes détartrantes, c’est à dire qu’elle utilisera tout l’arsenal d’hygiène dentaire et orale actuellement à la disposition du public pour ralentir l’apparition de plaque.
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La technique du brossage chez le chien (remerciements au Golden de mes amis Brazier) :
Les gels ou solutions dentaires (et parodontales) contiennent pour la plupart des antiseptiques. Les principes actifs antiseptiques les plus utilisés en médecine vétérinaire sont la chlorhexidine et l’héxétidine, les ammoniums quaternaires, les fluorés, les dérivés iodés, la sanguinarine et les dérivés oxygénés ont également un intérêt dans le contrôle du biofilm.
- chlorhexidine : molécule de la famille des biguanides. CMI de 0,1 à10μg/ml pour la plus part des espèces microbiennes
* le dérivé le plus utilisé est le digluconate.
* l’activité dans la bouche est intéressante à des concentrations variant entre 0,1% et 0,2%.
* bactériostatique à faible dose et bactéricide à forte dose
* activité forte sur les gram+ ,faible et variable sur les gram-
* toxicité faible
* se fixe sur les surfaces dentaires et présente des propriétés anti-inflammatoires
- hexétidine :
* liquide huileux peu soluble dans l’eau, soluble dans l’alcool ce qui limite son utilisation en médecine vétérinaire.
* activité bactéricide à 0,1% sur la flore capnophile et anaérobie
* activité plus importante sur les bactéries gram+ que sur les gram-
* action moindre que celle des autres antiseptiques et durée d’action limitée (3 minutes)
D’après M. Sixou
L’antibiothérapie et la métaphylaxie seront réservés aux cas sévères ou aux animaux immunodéprimés (diabète, cushing, FIV…).
En fait l’antibiothérapie vise principalement à contrôler la flore anaerobie : on aboutit ainsi à une diminution de l’inflammation et de la douleur.
Les antibiotiques les plus fréquemment utilisés par voie orale sont les suivants :
- amoxicilline 10-22 mg /kg 2 fois /j
Sa concentration dans la sphère buccale est bonne et en particulier dans la salive. Sa diffusion dans l’os maxillaire et mandibulaire est intéressante.
- amoxicilline potentialisée par l’acide clavulanique 14-22mg /kg 2 fois/j.
L’acide clavulanique est dépourvu d’activité antibactérienne mais c’est un inhibiteur des béta lactamases ce qui lui permet de conserver une action sur la majorité des bactéries parodontopathogènes. Ainsi les bactéries anaerobies Gram négatif, productrices de béta-lactamases et responsables de lésions parodontales peuvent être détruites par cette association.
- clindamycine -10 mg /kg 2 fois/j ou 11 mg/kg 1 fois/j .
Acivité Gram positif et Gram négatifs ainsi que les anaerobies. Ses concentration dans la salive et la gencive sont efficaces et sa diffusion dans l’os alvéolaire excellente. Elle se concentre dans les polynucléaires et peut diffuser dans le biofilm.
- spiramycine 20 mg/kg 2 fois/j.
Sa très bonne diffusion dans les parenchymes glandulaires lui autorise une bonne concentration salivaire.
- métronidazole 10-25 mg /kg 2 fois/j.
Très active sur les spirochètes et P.gingivalis.Se concentre bien dans la salive dans son association avec la spiramycine.
- enrofloxacine 2,5 mg/kg 2 fois/j.En parodontie indiquée en présence d’entérobactéries ou de pseudomonas.Son association avec le métronidazole potentialise l’action de ce dernier vis-à-vis des germes du type Bacterioides.
D’après Olivier Gauthier
Bibliographie :
1) Debette F. Le biofilm : aspects physio-pathologiques. Guide des bonnes pratiques en dentisterie vétérinaire 2002.
2) Gorrel Cecilia.Prevention of periodontal disease. Proceedings of focus meeting . Montpellier 2003
3) Gorrel Cecilia,Rawlings JM. The role of tooth brushing and diet in the maintenance of periodontal health in dogs : J.Vet.Dent.1996;13:139-143
4) Hennet Philipe. Understanding periodontal disease. Proceedings of focus meeting. Montpellier 2003.
5) Hennet Philipe,Harvey C.Aerobes in periodontal disease in the dog : J.Vet.Dent.1991;8(2):18-21.
6) Eriksen Thomas. Parodontologie du chien. Atlas de pathologie buccale vétérinaire.
7) Fraser A.Hale . Home care for the dental patient. Proceedings of Hill’s European Symposium in oral care. Amsterdam 2003.
8) Fraser A.Hale. Periodontal disease in dogs and cats. Proceedings of Hill’s European Symposium in oral care. Amsterdam 2003.
9) Sixou M. ,Verner C. Le contrôle de la plaque aujourd’hui. Information Dentaire N° 33,2003.
10) Camy Guy. Les particularités de la maladie parodontale chez le chien. Proceedings Congrés Cnvspa Afvac. Paris 2002.
11) Gauthier O. Antibiothérapie de la cavité buccale. Guide des bonnes pratiques en dentisterie vétérinaire.2003.
12) Huynh C. Meyer J. Maladies parodontales et traitements médicamenteux.Actualités Odonto-stomatologiques N°172, 1990.