Le calicivirus félin est une entité pathologique de plus en plus rencontrée dans les consultations de dentisterie. Ce virus entraine différent type de lésions au sein de la cavité buccale :
- une gingivite marginale plus ou moins marquée, plus ou moins proliférative pouvant être ulcérative
- une palatoglossite pouvant être proliférative et ulcérative : ces lésions sont très fréquemment présentes lors de calicivirus félin
- des ulcères linguaux, palatins ou muqueux
Ces lésions sont très invalidantes chez le chat entrainant une dysorexie voir une anorexie, de l'hypersalivation, des saignements buccaux, de la douleur lors de la mastication et à l'ouverture de la gueule.
Il faut réaliser un diagnostic différentiel avec les lésions urémiques rencontrées lors d'insuffisance rénale chronique principalement ou les lésions engendrées par la présence du virus FIV. Plus rarement, des lésions liées à l'ingestion de caustique ou des néoplasies des muqueuses (carcinome) peuvent singer les lésions typiques du calicivirus félin.
Le calicivirus provoque au niveau des muqueuses un effondrement de l'immunité locale avec son détournement vers la médiation cellulaire. Ce type de réponse immunitaire entraine un afflux de cellules cytotoxiques et d'immunoglobulines de type IgM et IgG. L'association des cellules cytotoxiques et de ces immunoglobulines provoque une dénaturation de la muqueuse gingivale. Celle-ci est alors très sensible à l'agression continue des germes de la plaque dentaire, aggravant d'autant plus le statut lésionnel du chat.
Le traitement initial est un traitement chirurgical. En présence de lésions gingivales sévères, prolifératives associées à une palatoglossite sévère, l'extraction de l'ensemble des prémolaires et molaires maxillaires et mandibulaires est recommandée.
Si les lésions de gingivite sont focalisées au niveau de certaines dents, l'extraction peut être sélective. Elle ne sera réalisée que sur les dents présentant de la parodontite ou des lésions spécifiques comme des lésions résorptives du collet dentaire ou "Neck Lesion".
Suite à l'extraction dentaire, le chat sera placé sous antibiotique et anti-inflammatoire pendant une période de convalescence de quelques jours. Le chat bénéficiera d'une alimentation plutôt molle. L'extraction dentaire est très bien tolérée et n'handicape pas l'animal pour son alimentation.
Un contrôle postopératoire à 1 mois et 2 mois devra être réalisé afin de vérifier la bonne cicatrisation des muqueuses et la disparition des lésions inflammatoires.
3 cas de figure sont possibles :
- suite aux extractions, le chat est parfaitement stable et ne nécessite aucun autre traitement (60% des cas)
- suite aux extractions, le chat est globalement stable mais nécessite des soins médicaux ponctuellement pour calmer des épisodes de gingivite (20% des cas)
- suite aux extractions, le chat n'est pas stable et nécessite des soins médicaux (20% des cas)
Lorsque que le chat présente des crises inflammatoires ponctuelles, il faut vérifier l'absence de spicule osseuse (pointe osseuse de l'os alvéolaire) ou de débris racinaire pouvant être la cause des points d'inflammation. Le cas échéant une nouvelle intervention doit être prévue. Sinon, la gestion de l'inflammation peut se réaliser avec une association antibiotique (TMP sulfa, doxycycline, céphalosporine) et anti-inflammatoire (non stéroïdien : meloxicam ou stéroïdien).
En cas d'inflammation chronique permanente, la mise en place d'un traitement en continue devient nécessaire. Différents protocoles sont possibles :
- protocole Interféron recombinant félin (Virbagen) à 100 000 UI/j en application direct sur les lésions buccales : protocole ayant réuni le plus d'article et de résultats positifs en sa faveur
- protocole ARA 3000 Alpha : injection de 2ml en SC à J0-J3-J6-J9-J12 et J30
- association antibiothérapie et corticothérapie : c'est un protocole qui doit être mis en place en dernière intension après échec des protocoles précédents. En effet, l'utilisation au long court de corticoïdes peut avoir des effets indésirables pour le chat.
- de manière plus anecdotique, l'utilisation de lactoferrine bovine ou de substitut de matrice extracellulaire de synthèse (Dermapliq) in situ ont montré des effets intéressants pour la maitrise de l'inflammation et de la douleur chez le chat mais aucune étude n'a été réalisée jusqu'alors avec ces deux produits.